Seule à la soirée d’entreprise : Pourquoi mon mari refuse-t-il de venir ?

« Camille, pourquoi Julien ne vient-il pas à ta soirée d’entreprise ? » La voix de Françoise résonne dans la salle à manger, tranchante comme une lame. Je sens tous les regards se tourner vers moi, même celui de mon père qui, d’habitude, évite soigneusement les conflits. Julien, assis à côté de moi, baisse les yeux sur son assiette. Il tripote nerveusement sa fourchette.

Je prends une inspiration, mais avant que je puisse répondre, Françoise enchaîne : « À ta place, je n’accepterais pas ça. Un mari doit soutenir sa femme. »

Un silence pesant s’installe. Ma mère tente de changer de sujet en proposant du fromage, mais personne ne l’écoute. Je sens la colère monter en moi, mais aussi une tristesse sourde. Depuis des semaines, Julien et moi traversons une période difficile. Il rentre tard du travail, s’enferme dans son bureau pour jouer à ses jeux vidéo ou regarder des séries. Les rares fois où nous nous retrouvons ensemble, c’est pour échanger des banalités ou nous disputer à propos des tâches ménagères.

La soirée d’entreprise approche et j’aurais aimé qu’il soit là, ne serait-ce que pour faire bonne figure devant mes collègues. Mais Julien a refusé net : « Je déteste ces trucs-là, tu le sais bien. »

Je me tourne vers lui, espérant qu’il dise quelque chose pour me défendre. Mais il garde le silence. Mon frère, Thomas, lance alors : « Franchement Julien, tu pourrais faire un effort. C’est pas comme si on te demandait la lune. »

Julien relève enfin la tête : « Je ne vois pas pourquoi je devrais me forcer à aller à une soirée où je ne connais personne et où je vais m’ennuyer toute la nuit. »

Françoise soupire bruyamment : « À ton âge, tu pourrais penser un peu aux autres ! »

Je sens mes joues chauffer. J’ai envie de crier que ce n’est pas si simple, que notre couple est déjà au bord du gouffre et que cette soirée n’est qu’un prétexte pour éviter d’affronter la réalité. Mais je me tais. Je souris faiblement et marmonne : « Ce n’est pas grave, j’irai seule. »

Le dîner se termine dans une ambiance glaciale. Sur le chemin du retour, Julien ne dit pas un mot. Arrivés à l’appartement, il file dans la chambre sans un regard pour moi. Je reste dans le salon, les larmes aux yeux.

Le lendemain matin, je me réveille seule dans le lit. Julien est déjà parti travailler. Je repense à la scène de la veille et à tout ce qui ne va plus entre nous : l’absence de tendresse, les disputes incessantes pour des broutilles, le sentiment d’être devenue invisible à ses yeux.

Au bureau, mes collègues parlent avec enthousiasme de la soirée à venir. Claire me demande si Julien sera là. Je mens : « Oui, il a très envie de venir. » Mais au fond de moi, je sais que c’est faux.

Le soir de la fête arrive. Je me prépare seule devant le miroir. J’enfile ma plus belle robe, celle que Julien aimait tant au début de notre histoire. Mais ce soir, il ne me fait aucun compliment. Il est assis sur le canapé, absorbé par son téléphone.

« Tu es sûre que tu ne veux pas venir ? » je tente une dernière fois.

Il hausse les épaules : « Non, amuse-toi bien. »

Je claque la porte un peu trop fort en partant.

À la soirée, je souris à tout le monde mais je me sens terriblement seule. Mes collègues sont venus accompagnés ; certains dansent ensemble, d’autres échangent des regards complices. Je fais bonne figure mais mon cœur n’y est pas.

Vers minuit, je rentre chez moi. L’appartement est plongé dans le noir. Julien dort déjà. Je m’allonge à côté de lui sans bruit et laisse couler mes larmes sur l’oreiller.

Le lendemain matin, Françoise m’appelle : « Alors, cette fameuse soirée ? Julien a-t-il fini par te rejoindre ? »

Je ravale mes sanglots et réponds vaguement : « Non maman, il n’est pas venu… »

Elle soupire : « Tu sais Camille, parfois il faut savoir secouer un homme pour qu’il se réveille… »

Mais moi, je n’ai plus la force de secouer qui que ce soit.

Je regarde Julien dormir et je me demande : est-ce vraiment ça l’amour après dix ans de vie commune ? Est-ce normal de se sentir aussi seule à deux ? Et vous… qu’auriez-vous fait à ma place ?