Quand Édouard a bouleversé ma vie : Histoire de passion, de dépendance et de renaissance
« Tu ne comprends rien, Camille ! » La voix d’Édouard résonne encore dans la cuisine, brisant le silence du petit appartement que nous partageons depuis six mois à Nantes. Je serre la tasse de café entre mes mains tremblantes, cherchant un peu de chaleur dans ce matin glacial de novembre. Il est déjà parti, claquant la porte derrière lui, me laissant seule avec mes doutes et cette boule au ventre qui ne me quitte plus.
Je m’appelle Camille, j’ai 32 ans, et je croyais savoir ce qu’était l’amour. Avant Édouard, ma vie était simple : un travail dans une librairie du centre-ville, des soirées tranquilles avec mes amis, des déjeuners du dimanche chez mes parents à Saint-Herblain. Mais tout a changé le soir où je l’ai rencontré, lors d’une fête chez mon amie Sophie. Il était là, debout près de la fenêtre, un verre de vin à la main, le regard intense et le sourire en coin. Dès qu’il a croisé mon regard, j’ai senti que quelque chose en moi vacillait.
« Tu veux danser ? » m’a-t-il demandé d’une voix grave. J’ai accepté sans réfléchir. Ce soir-là, j’ai ri comme jamais. Il parlait fort, il plaisantait, il captait toute l’attention. Rapidement, il a pris toute la place dans ma vie. Au début, c’était grisant : il m’envoyait des messages enflammés, m’emmenait dîner dans des petits restos cachés, me faisait découvrir ses amis artistes et ses coins préférés de la ville. Je me sentais vivante, désirée, unique.
Mais très vite, la passion s’est transformée en tempête. Édouard était jaloux, possessif. Il voulait tout savoir : où j’étais, avec qui, pourquoi je rentrais tard. Il critiquait mes amis – « trop fades », « pas assez ambitieux » – et me poussait à passer tout mon temps avec lui. J’ai commencé à m’éloigner des autres sans même m’en rendre compte.
Un soir, alors que je rentrais d’un dîner chez mes parents, il m’a accueillie avec un regard noir :
— Tu t’es bien amusée sans moi ?
— C’était juste un repas de famille…
— Tu pourrais au moins m’inviter !
J’ai tenté d’expliquer que mes parents ne l’avaient vu qu’une fois et qu’ils trouvaient notre relation trop rapide. Mais il s’est vexé, a haussé le ton. J’ai fini par m’excuser alors que je n’avais rien fait de mal.
Ma mère a vite compris que quelque chose n’allait pas. Un dimanche, alors que je repoussais encore une invitation sous prétexte de fatigue, elle m’a prise à part :
— Camille, tu n’es plus la même… Tu souris moins. Est-ce qu’il te fait du mal ?
J’ai nié, bien sûr. Comment aurais-je pu admettre que je me perdais peu à peu ? Que chaque dispute me laissait vidée ? Que je n’osais plus porter certains vêtements parce qu’Édouard les trouvait « trop voyants » ?
La situation a empiré quand j’ai reçu une proposition pour gérer la petite librairie où je travaillais. C’était une opportunité incroyable ! Mais Édouard a réagi froidement :
— Tu vas passer encore plus de temps là-bas ? Et moi alors ?
J’ai hésité. J’ai refusé le poste.
C’est là que j’ai compris que je n’étais plus moi-même. Je vivais à travers lui, ses envies, ses peurs. Je n’avais plus de place pour mes rêves ni pour mes proches. Même Sophie s’est éloignée :
— Tu sais où me trouver si tu as besoin…
Mais j’étais prisonnière d’une passion qui me consumait.
Un soir d’hiver, après une énième dispute où il m’a accusée d’être « égoïste », j’ai craqué. J’ai appelé ma mère en pleurs :
— Maman, je ne sais plus qui je suis…
Elle est venue me chercher le lendemain matin. J’ai quitté l’appartement avec une valise et le cœur en miettes.
Les semaines suivantes ont été les plus difficiles de ma vie. Je culpabilisais d’avoir abandonné Édouard – il m’envoyait des messages désespérés – mais je savais que si je retournais vers lui, je me perdrais à jamais.
Petit à petit, j’ai repris contact avec mes amis. J’ai accepté le poste à la librairie quand il s’est libéré à nouveau. J’ai recommencé à rire lors des déjeuners familiaux. Mais parfois, la nuit, je repense à Édouard et à ce que j’ai perdu… ou gagné.
Aujourd’hui encore, je me demande : comment peut-on aimer au point de s’oublier soi-même ? Est-ce cela l’amour ou simplement la peur d’être seule ? Qu’en pensez-vous ?