Quand la trahison frappe à la porte : Mon mari, sa maîtresse et le silence de ma mère
« Tu exagères, Claire. Tu dramatises tout, comme d’habitude. »
La voix de ma mère résonne encore dans ma tête, froide, tranchante, alors que mes mains tremblaient sur le combiné du téléphone. Je venais de lui raconter ce que j’avais vu, ce que j’avais vécu, et elle… elle n’a rien dit d’autre que ça. Je me souviens du goût amer de la solitude, ce soir-là, dans notre appartement de Lyon, les murs trop blancs, trop silencieux.
Tout a commencé il y a six ans. J’étais une jeune institutrice pleine d’espoir, et Julien, mon mari, était ingénieur dans une petite entreprise du Rhône. On s’est rencontrés lors d’une fête chez des amis communs à Villeurbanne. Il m’a fait rire avec ses imitations ridicules de nos profs du lycée, et j’ai su tout de suite qu’il serait l’homme de ma vie. On s’est mariés dans une petite mairie de la Croix-Rousse, entourés de nos familles et amis. Un an plus tard, notre fille Camille est née. Julien était fou de joie, il pleurait même plus que moi à la maternité.
Mais la vie n’est pas un conte de fées. Petit à petit, Julien a changé. Il rentrait plus tard du travail, prétextant des réunions interminables. Il était souvent sur son téléphone, souriait à des messages qu’il ne me montrait jamais. J’ai voulu croire que c’était le stress, la fatigue. Je me suis dit qu’on traversait juste une mauvaise passe.
Puis Camille est tombée malade. Une pneumonie sévère. Elle a été hospitalisée à l’Hôpital Femme Mère Enfant de Bron. J’ai passé des nuits blanches à son chevet, priant pour qu’elle respire mieux, pour que la fièvre tombe. Julien venait parfois, mais il semblait ailleurs, préoccupé.
Un soir, alors que je rentrais chez nous pour prendre quelques affaires et une peluche préférée de Camille, j’ai entendu des rires dans le salon. J’ai cru halluciner : une voix féminine, familière mais étrangère à la fois. J’ai poussé la porte… et je l’ai vue. Elle était là, assise sur MON canapé, un verre de vin à la main, riant à une blague de Julien. Elle s’appelait Sophie – une collègue à lui dont il m’avait vaguement parlé.
« Claire ! Je… c’est pas ce que tu crois », a bafouillé Julien en se levant d’un bond.
J’ai senti mon cœur exploser dans ma poitrine. Je n’ai rien dit. J’ai juste ramassé la peluche de Camille et claqué la porte derrière moi. Les larmes coulaient sans que je puisse les arrêter.
Le lendemain matin, épuisée et dévastée, j’ai appelé ma mère. J’avais besoin d’elle comme jamais auparavant. Mais elle n’a pas eu un mot de compassion.
« Tu sais bien que les hommes sont comme ça… Tu dois penser à Camille avant tout », m’a-t-elle dit d’un ton sec.
J’ai eu envie de hurler. Pourquoi fallait-il toujours tout supporter ? Pourquoi le bonheur des autres devait-il passer avant le mien ?
Les jours suivants ont été un cauchemar éveillé. Julien a essayé de s’excuser, m’a juré que c’était la première fois, qu’il avait été perdu avec la maladie de Camille et le stress du travail. Mais je ne pouvais plus lui faire confiance. Je voyais son visage partout : dans les couloirs de l’hôpital, dans les reflets des vitrines en allant acheter un café…
Ma mère a continué à minimiser la situation :
— Tu ne vas pas tout gâcher pour une erreur ? Tu sais ce que ça coûte un divorce ? Et Camille ?
Mais moi, je ne dormais plus. Je faisais des crises d’angoisse en pleine nuit. Je me sentais trahie par deux des personnes les plus importantes de ma vie.
Un soir, alors que Camille dormait enfin sans fièvre, j’ai pris mon courage à deux mains et je suis allée voir Julien dans notre chambre.
— Dis-moi la vérité, Julien. Depuis combien de temps ça dure ?
Il a baissé les yeux.
— Trois mois…
Trois mois ! Trois mois pendant lesquels il avait partagé notre lit avec moi tout en pensant à elle. Trois mois où j’avais cru qu’on se battait ensemble pour notre fille alors qu’il menait une double vie.
Je suis sortie dans la nuit froide de novembre sans savoir où aller. J’ai marché longtemps sur les quais du Rhône, les larmes gelant sur mes joues. J’ai pensé à tout quitter : le travail, la ville, cette vie qui n’était plus la mienne.
Mais il y avait Camille. Ma petite fille fragile qui avait besoin de moi plus que jamais.
J’ai décidé de rester forte pour elle. J’ai demandé à Julien de partir quelques temps chez ses parents à Annecy. Il a protesté mais a fini par accepter devant ma détermination.
Ma mère est venue me voir un dimanche matin avec un gâteau aux pommes comme si rien ne s’était passé.
— Tu verras, ça va s’arranger… Les hommes ont leurs faiblesses mais ils reviennent toujours à la maison.
J’ai explosé :
— Mais maman ! Et moi ? Est-ce que tu penses à moi ? Est-ce que tu comprends ce que je ressens ?
Elle m’a regardée comme si j’étais une étrangère.
— Tu es trop sensible…
Ce jour-là, j’ai compris que je ne pouvais compter que sur moi-même.
J’ai repris le travail malgré les regards compatissants des collègues qui avaient deviné quelque chose. J’ai trouvé du réconfort auprès d’une amie d’enfance, Élodie, qui m’a invitée à boire un chocolat chaud dans un petit café du Vieux Lyon.
— Tu n’es pas seule Claire. Tu as le droit d’être en colère, tu as le droit d’être triste… Mais tu as aussi le droit d’être heureuse à nouveau un jour.
Ses mots m’ont fait du bien. Petit à petit, j’ai remonté la pente. J’ai trouvé une psy qui m’a aidée à mettre des mots sur ma douleur et à reconstruire mon estime de moi.
Aujourd’hui, Camille va mieux. Elle rit à nouveau et me serre fort dans ses bras chaque matin avant l’école.
Julien essaie toujours de revenir mais je ne suis plus la même femme qu’avant.
Parfois je me demande : pourquoi tant de femmes doivent-elles supporter l’inacceptable au nom de la famille ? Pourquoi le silence des mères face à la souffrance de leurs filles ? Est-ce vraiment cela l’héritage qu’on veut transmettre ? Qu’en pensez-vous ?