J’ai tout quitté pour une autre femme… et maintenant je regrette tout
« Tu vas vraiment partir, François ? » La voix de Claire tremblait, oscillant entre colère et désespoir. Je me tenais dans l’entrée, valise à la main, le cœur battant si fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser. Derrière elle, dans l’ombre du couloir, j’apercevais les yeux écarquillés de mes enfants, Lucie et Paul. J’ai baissé les yeux, incapable de soutenir leur regard.
Je n’ai pas répondu. J’ai claqué la porte. Ce bruit résonne encore dans ma tête, comme un coup de tonnerre qui a fendu ma vie en deux.
Tout a commencé il y a un an, au bureau. Je croyais que ces histoires n’arrivaient qu’aux autres, à ceux qui ne savaient pas aimer ou qui cherchaient l’aventure pour fuir l’ennui. Mais moi, j’aimais Claire. Du moins, je le croyais. Jusqu’à ce que je rencontre Camille. Elle était nouvelle dans l’équipe, pleine d’assurance, drôle, différente. Elle riait à mes blagues, me regardait comme si j’étais unique. Petit à petit, je me suis laissé prendre au jeu. Un café après le travail, puis un dîner, puis…
Je me souviens du premier soir où je suis rentré tard. Claire m’attendait dans la cuisine, les bras croisés. « Tu étais encore avec elle ? » J’ai menti. Mal. Elle l’a su tout de suite. Les semaines suivantes ont été un enfer : disputes à voix basse pour ne pas réveiller les enfants, silences lourds au petit-déjeuner, regards fuyants. J’étais ailleurs, déjà parti sans oser l’avouer.
Le jour où j’ai annoncé que je partais, Claire s’est effondrée. Lucie a hurlé qu’elle me détestait. Paul s’est enfermé dans sa chambre et n’a plus voulu me parler. J’ai cru que Camille serait mon refuge, que tout serait plus simple avec elle. Mais la réalité m’a rattrapé.
Au début, tout était grisant : la liberté retrouvée, les week-ends improvisés à Deauville, les nuits blanches à refaire le monde. Mais très vite, le quotidien a repris ses droits. Camille n’était pas Claire ; elle n’avait pas connu mes années de galère, elle ne comprenait pas mes silences ni mes doutes. Elle voulait tout, tout de suite : des projets, des voyages, des promesses que je n’étais plus capable de faire.
Un soir d’automne, alors que la pluie battait contre les vitres de notre petit appartement du 11ème arrondissement, Camille m’a lancé : « Tu penses encore à eux, hein ? À ta famille ? » J’ai voulu nier mais mes yeux m’ont trahi. Elle a soupiré : « Je ne serai jamais assez pour toi… »
C’est là que j’ai compris l’ampleur de ma faute. J’avais sacrifié vingt ans de vie commune pour une passion éphémère. J’avais brisé le cœur de celle qui avait cru en moi quand je n’étais rien, j’avais trahi la confiance de mes enfants.
J’ai essayé d’appeler Claire. Elle ne répondait plus à mes messages. J’ai attendu devant l’école de Lucie et Paul pour les voir sortir ; ils m’ont évité du regard. J’ai envoyé des lettres, des mails… Rien.
Un dimanche matin, alors que Paris s’éveillait sous un ciel gris, j’ai croisé mon voisin du temps où j’habitais encore avec ma famille. Il m’a regardé avec une pitié froide : « Tu sais François… On fait tous des erreurs. Mais certaines laissent des traces indélébiles. »
J’ai erré dans les rues du quartier où j’avais vécu tant d’années heureux sans le savoir. Les souvenirs me frappaient à chaque coin de rue : la boulangerie où on achetait des pains au chocolat le dimanche matin ; le square où Paul avait appris à faire du vélo ; le cinéma où Claire et moi nous étions embrassés pour la première fois.
Je me suis assis sur un banc et j’ai pleuré comme un enfant.
Aujourd’hui, Camille est partie. Elle a compris avant moi que je n’étais plus capable d’aimer qui que ce soit – pas même moi-même. Je vis seul dans un deux-pièces impersonnel ; les murs sont blancs et froids comme ma vie désormais.
Je repense sans cesse à cette soirée où j’ai claqué la porte sur tout ce qui comptait vraiment pour moi. Je donnerais tout pour revenir en arrière, pour dire à Claire que je l’aime encore, pour serrer mes enfants dans mes bras et leur demander pardon.
Mais comment réparer l’irréparable ? Comment regagner la confiance de ceux qu’on a trahis ? Est-ce qu’on peut vraiment se racheter après avoir tout détruit ?
Je vous pose la question : si vous étiez à ma place… que feriez-vous ? Est-ce qu’on mérite une seconde chance quand on a brisé le cœur de sa famille ?