J’ai Refusé d’Épouser Ma Petite Amie Enceinte : Ma Mère M’a Soutenu, Mon Père a Tout Fait Basculer
« Tu comptes faire quoi maintenant, Antoine ? » La voix de mon père résonne dans la cuisine, sèche comme un coup de fouet. Je serre la tasse de café entre mes mains tremblantes, incapable de soutenir son regard. Ma mère, assise en face de moi, pose une main rassurante sur mon bras. « Laisse-le respirer, Bernard. Il vient de l’apprendre. »
Mais mon père n’a jamais été du genre à laisser respirer qui que ce soit. Il se lève brusquement, faisant grincer la chaise sur le carrelage. « Camille est enceinte, Antoine. Tu vas assumer tes responsabilités. Tu vas l’épouser. »
Je sens la colère monter, mais aussi la peur. Je n’ai que vingt-deux ans. Je viens à peine de finir ma licence d’histoire à la Sorbonne. Je rêve de voyager, de découvrir le monde, pas de me retrouver marié dans notre petite ville de Tours avec un bébé sur les bras. « Papa, je ne veux pas me marier. Pas maintenant. Je… je ne suis pas prêt. »
Il éclate de rire, un rire sans joie. « Ah bon ? Mais tu étais prêt à coucher avec elle, non ? Tu veux jouer au grand garçon, mais tu refuses d’en assumer les conséquences ? »
Ma mère intervient, sa voix douce mais ferme : « Bernard, ce n’est pas comme ça qu’on règle les choses aujourd’hui. On ne force plus les jeunes à se marier parce qu’il y a un bébé en route. »
Mon père la fusille du regard. « C’est comme ça que ça s’est toujours fait dans notre famille ! »
Je me lève à mon tour, le cœur battant la chamade. « Je vais parler à Camille. C’est entre elle et moi. »
Je sors précipitamment de la maison, traversant le jardin jusqu’à la maison voisine où vit Camille avec sa mère depuis le divorce de ses parents. Elle m’attend déjà sur le perron, les yeux rougis par les larmes.
« Tu leur as dit ? » murmure-t-elle.
J’acquiesce en silence. Elle détourne le regard. « Ma mère veut que je garde le bébé… Elle dit que c’est un cadeau du ciel. Mais moi… je ne sais pas quoi faire, Antoine. Je suis perdue. »
Je prends sa main dans la mienne, sentant son désespoir me traverser comme une décharge électrique. « On va réfléchir ensemble, d’accord ? Je ne veux pas te laisser tomber. Mais je ne veux pas me marier juste parce qu’on a fait une erreur… »
Elle hoche la tête, une larme coule sur sa joue. « J’ai peur que tout le monde nous juge… »
Le lendemain matin, mon père débarque chez Camille avec ma mère à ses trousses. Il s’adresse directement à la mère de Camille : « Nous devons organiser un mariage au plus vite. Nos enfants ont fauté, il faut réparer ça dignement ! »
La mère de Camille approuve d’un signe de tête, mais Camille explose : « Ce n’est pas votre vie ! C’est la nôtre ! »
Mon père se tourne vers moi : « Antoine, tu es mon fils unique. Tu ne vas pas me faire honte devant tout le quartier ! »
Je sens la pression monter comme une vague prête à m’engloutir. Ma mère me prend à part dans le couloir : « Tu n’es pas obligé de céder à ton père. Je serai toujours là pour toi, quoi que tu décides. »
Mais comment choisir entre décevoir mon père ou sacrifier ma liberté ? Les jours passent et la rumeur enfle dans notre quartier tranquille : « Le fils Bernard a mis Camille enceinte… Ils vont se marier ? » Les regards se font lourds au marché, les chuchotements me poursuivent jusqu’à la boulangerie.
Un soir, alors que je rentre tard après avoir erré dans les rues pour éviter la maison familiale, je trouve mon père assis dans le salon, une bouteille de vin entamée devant lui.
« Tu crois que j’ai eu le choix moi ? » Sa voix est rauque. « J’avais dix-neuf ans quand ta mère est tombée enceinte de toi. On s’est mariés parce qu’il fallait bien… Et regarde où on en est aujourd’hui ! »
Je reste figé sur le seuil. Pour la première fois, je vois mon père vulnérable.
« Tu regrettes ? »
Il détourne les yeux. « J’aurais aimé avoir le choix… Mais on ne l’avait pas à l’époque. Toi tu l’as. Alors fais ce que tu veux… Mais sache que chaque choix a un prix. »
Le lendemain matin, Camille m’attend devant chez moi.
« J’ai pris ma décision », dit-elle d’une voix tremblante mais déterminée. « Je vais garder le bébé… mais je ne veux pas me marier si tu n’en as pas envie. Je préfère être seule qu’avec quelqu’un qui regrette toute sa vie. »
Je sens un poids immense se lever de mes épaules et en même temps une peur abyssale m’envahir.
« Je serai là pour toi et pour l’enfant », je lui promets en serrant sa main.
Les mois passent et nos familles finissent par accepter notre choix, non sans difficultés ni disputes éclatantes lors des repas du dimanche.
Aujourd’hui encore, alors que j’emmène notre petite fille à l’école maternelle main dans la main avec Camille – sans alliance au doigt – je me demande : ai-je fait le bon choix ? Peut-on vraiment être une famille sans suivre les traditions ? Ou bien sommes-nous condamnés à porter le poids du regard des autres toute notre vie ?