J’ai Refusé d’Épouser Ma Petite Amie Enceinte : Ma Mère M’a Soutenu, Mon Père a Pris les Choses en Main
« Tu comptes faire quoi maintenant, Paul ? » La voix de mon père résonne dans la cuisine, sèche comme un coup de fouet. Je serre la poignée de la porte, le cœur battant à tout rompre. Ma mère, Sylvie, pose sa tasse de thé avec un bruit sourd, les yeux rivés sur moi. Je n’ai que vingt ans et je viens d’annoncer à mes parents que Camille, ma voisine et petite amie depuis deux ans, est enceinte.
Mon père, Jean, ne me laisse pas le temps de respirer. « Alors tu joues au grand garçon pour sortir avec elle, mais tu redeviens un gamin quand il s’agit d’assumer ? »
Je sens la colère monter en moi. « Papa, je ne veux pas me marier. Je suis trop jeune ! On n’a même pas fini nos études… »
Ma mère intervient, posant une main apaisante sur mon bras. « Jean, laisse-le parler. Paul a raison, il n’a que vingt ans. On ne va pas le forcer à se marier juste parce que Camille est enceinte. »
Mais mon père n’entend rien. Il se lève brusquement, sa chaise raclant le carrelage. « Dans notre famille, on assume ses actes ! Tu vas aller voir le père de Camille demain et tu vas lui dire que tu vas épouser sa fille. Point final ! »
Je me sens pris au piège. Camille et moi avons parlé des heures entières de cette grossesse inattendue. Elle non plus ne veut pas se marier tout de suite. Elle rêve de devenir institutrice, moi d’ouvrir une librairie à Bordeaux. Mais dans notre petit village du Lot-et-Garonne, les rumeurs vont vite et la pression est immense.
Le lendemain matin, je retrouve Camille sous le vieux tilleul derrière l’école. Elle a les yeux rouges d’avoir pleuré toute la nuit.
« Paul… Qu’est-ce qu’on va faire ? »
Je prends sa main dans la mienne. « Mon père veut qu’on se marie. Il va aller voir ton père ce soir. »
Elle secoue la tête, paniquée. « Je ne veux pas me marier maintenant ! Je veux qu’on ait le choix… Je veux qu’on décide ensemble, pas parce qu’on nous y force ! »
Je la serre contre moi, impuissant. Je sens la colère gronder contre mon père, contre ce village où tout le monde se mêle de tout.
Le soir venu, mon père m’oblige à l’accompagner chez les voisins. Le père de Camille, Monsieur Lefèvre, nous accueille dans son salon aux rideaux jaunis par le temps. Les deux pères s’installent face à face comme deux coqs prêts à se battre.
« Votre fils a mis ma fille enceinte », attaque Monsieur Lefèvre sans détour.
Mon père bombe le torse. « Et il va l’épouser. C’est comme ça qu’on fait chez nous. »
Je sens la honte me brûler les joues. Camille entre dans la pièce, suivie de sa mère qui pleure en silence.
« Je ne veux pas me marier », dis-je d’une voix tremblante.
Un silence glacial tombe sur la pièce. Mon père me fusille du regard.
« Tu n’as pas le choix », tranche-t-il.
Mais Camille relève la tête, les yeux brillants de détermination.
« Et moi ? J’ai mon mot à dire ? Ce n’est pas parce que je suis enceinte que je dois sacrifier mes rêves ! »
Sa mère éclate en sanglots. Monsieur Lefèvre se lève brusquement : « Tu fais honte à ta famille ! »
La dispute éclate. Les voix montent, les reproches fusent. Je me sens minuscule au milieu de ces adultes qui décident pour nous.
De retour à la maison, ma mère m’attend dans ma chambre.
« Paul… Je sais que c’est difficile. Mais tu dois penser à ce que tu veux vraiment. Pas à ce que les autres attendent de toi. »
Je fonds en larmes dans ses bras.
Les jours suivants sont un enfer. Au lycée, les regards se font lourds, les chuchotements incessants : « T’as entendu ? Paul et Camille… » Même mes amis prennent leurs distances.
Camille et moi nous retrouvons en cachette au bord du canal. Elle me confie ses peurs : « Et si je n’y arrivais pas ? Et si tout le monde me jugeait ? »
Je lui promets qu’on affrontera ça ensemble, mais au fond de moi je doute. Suis-je prêt à être père ? À assumer un enfant alors que je ne sais même pas qui je suis ?
Un soir, mon père entre dans ma chambre sans frapper.
« J’ai parlé au maire. Le mariage est prévu pour le mois prochain. »
Je me lève d’un bond : « Non ! Je refuse ! Ce n’est pas ta vie, c’est la mienne ! »
Il me gifle violemment. « Tu me déçois… »
Je quitte la maison en claquant la porte et cours jusqu’à chez Camille. Elle m’ouvre en larmes : son père vient de lui annoncer la même chose.
Nous décidons alors de partir quelques jours chez une tante à Toulouse pour réfléchir loin du tumulte du village.
Là-bas, nous découvrons une autre vie : des jeunes qui vivent ensemble sans être mariés, des familles recomposées qui s’aiment malgré tout. Nous parlons des heures avec ma tante Hélène qui nous raconte son divorce difficile mais aussi sa liberté retrouvée.
Petit à petit, une certitude naît en nous : nous voulons garder cet enfant mais choisir notre chemin nous-mêmes.
À notre retour au village, nous convoquons nos parents autour d’un café.
« Nous avons décidé de garder le bébé », annonce Camille d’une voix claire. « Mais nous ne nous marierons pas tout de suite. Nous voulons finir nos études et construire notre vie avant de prendre cet engagement-là. »
Mon père explose : « Vous allez vivre dans le péché ! Vous serez la risée du village ! »
Ma mère prend alors ma main et celle de Camille : « Laissez-les vivre leur vie. Ce n’est plus votre époque… »
Le silence s’installe. Pour la première fois, je sens que ma mère est vraiment de mon côté.
Les mois passent. Les regards restent parfois lourds mais peu à peu les gens s’habituent à notre choix. Camille accouche d’une petite fille magnifique que nous appelons Louise.
Je travaille le soir dans une librairie pour économiser pendant que Camille poursuit ses études par correspondance.
Parfois je croise mon père sur la place du village ; il détourne les yeux mais je sens qu’il commence à comprendre que notre bonheur ne dépend pas des traditions mais de notre capacité à choisir notre propre voie.
Aujourd’hui encore je me demande : aurais-je eu ce courage sans le soutien de ma mère ? Est-ce vraiment si grave de refuser un mariage imposé quand on veut simplement être heureux ? Qu’en pensez-vous ?